En
écrivant Small Talk, Carole Fréchette répondait à une commande.
C'est en effet pour le « Théâtre du Peuple » à Bussang (Vosges)
que l'auteure a écrit ce texte pour seize comédiens amateurs et
professionnels, évoluant dans plusieurs lieux aussi différents
qu'un intérieur modeste, une cantine, un studio de télévision ou
encore un square ou une forêt.
Pour
Vincent Goethals, metteur en scène et directeur artistique du
Théâtre du Peuple de 2011 à 2016, « Carole
Fréchette est une vraie poète, dont j’admire l’écriture
intime, féminine, “liquide” oserais-je dire. Écrire une œuvre
spécialement pour le Théâtre du Peuple représente un défi,
intimidant peut-être, mais je savais qu’elle le relèverait avec
brio ».
Le
metteur en scène énumère dans la foulée les trois contraintes
liées aux différentes traditions du théâtre de Bussang :
durée d’environ 2 heures 15 avec entracte, présence de
nombreux rôles secondaires qui seront tenus par des comédiens
amateurs et intégration de l’ouverture des fameuses portes dans le
courant de la représentation.
« Ma
première réaction fut de dire que ça ne correspondait pas à mon
“format habituel” ! »,
avoue en riant Carole Fréchette. « Quinze
acteurs, c’est une distribution qui appelle l’épopée, le grand
déploiement. Ça me ressemble peu. Mais une invitation comme
celle-là ne se refuse pas ; j’ai donc réfléchi à la
possibilité d’arrimer un embryon d’idée qui m’habitait déjà
aux contraintes proposées. »
Sorte
de réaction au virage très narratif de l’écriture dramatique
actuelle, où le dialogue cède souvent le pas au récit et au
témoignage, Small
Talk est
née d’une réflexion sur l’art de la conversation. Autour de
Justine, jeune technicienne de laboratoire incapable de discuter à
bâtons rompus, Carole Fréchette a développé toute une galerie de
personnages entretenant un rapport problématique ou singulier avec
la parole : une mère aphasique, un frère comédien, une
belle-mère russophone…
« J’ai
beau m’être imprégnée de l’esprit de Bussang avant d’amorcer
l’écriture de la pièce, il demeure qu’on reste longtemps dans
le doute avec un tel projet de commande, surtout lorsqu’on écrit à
distance ». « Au
final, je suis ravie : le rendez-vous entre la pièce, le
metteur en scène, la troupe et le public m’est apparu
particulièrement réussi. Le soir de la première, où tout le
village est invité, ce fut fort émouvant de sentir que je
m’inscrivais désormais dans l’histoire étonnante de ce lieu. »
Le
théâtre est en effet une grande structure de bois érigée à flanc
de montagne. Lorsque s’ouvrent les deux immenses portes constituant
le fond de la scène, la forêt vosgienne apparaît.
Les
pièces présentées durant la saison d'été mêlent professionnels
et amateurs depuis l'origine. Il fait l’objet d’un classement au
titre des monuments
historiques depuis
le 2 août 1976.
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