Stéphane Guérin est l’auteur d’une dizaine de pièces (Playmobil Carnage, Caligula TM, Médée dernier repas, Il n’y a pas d’autre amour que toi, Kalashnikov, Les grandes filles…). Il a signé pour Micheline Presle, Claire Nadeau, Sylvie Joly et Marianne Basler notamment des œuvres noires et drôles. Son théâtre s’attache à la réinterprétation des mythes et des figures, à la cellule familiale et à la recherche de l’identité. Il est lauréat du prix théâtre 2012 de la Fondation Diane & Lucien Barrière. Depuis septembre 2012, il a intégré le Comité de lecture du théâtre du Rond-Point.
Pour "9", le Petit Théâtre de Pain a fait appel à lui pour
transporter le texte original de Reginald Rose dans la société française
contemporaine : féminisation de l’assemblée, adaptation de la
peine encourue – en 1954, c’était la peine de mort... –,
actualisation des problématiques personnelles
des
personnages et de leur langage. Il conserve cependant la dimension
archétypale de chacun des jurés et presque tous les ressorts
dramatiques structurant l’action. L’enjeu est d’observer ce qui
se passe en chaque individu au moment de juger un autre, en quoi son
quotidien interfère, mais aussi ses blessures passées et
l’interaction avec ses comparses : en somme, comment le jugement se
construit-il et à quoi tient-il ?
Stéphane Guérin ne connaissait pas les neuf comédiens du Petit Théâtre de Pain, mais son envie viscérale d’être de l’aventure lui a fait ingérer ce matériau brut, pour en dégager neuf visages d’une France qui n’en a pas fini avec ses démons. Pour 9, il s’est appuyé sur les propositions des acteurs, en étroite collaboration avec le metteur en scène, Manex Fuchs.
La rencontre s’est muée en poignées de main confiantes. Puis « en révélation de ce que nous sommes, nous acteurs et lui dramaturge ». Et une semaine ensemble au Pays basque a cimenté les inévitables questionnements : « Doit-on tout dire ? peut-on tout dire ? ». Et puis, très vite, « qu’est-ce qui fait de nous un père, une mère ? ».
« La pièce interroge notre rapport à la part manquante de nos enfances, entre la parole et les non-dits de nos parents. Entre la transparence et le silence. Et ce en quoi tout cela peut avoir fondé nos existences », conclut Manex Fuchs.
« À moins d’être un auteur autiste, j’ai l’impression que les artistes doivent répondre au monde. À la violence du monde. Aussi, quand le Petit Théâtre de Pain m’a proposé d’écrire 9, j’y ai vu d’emblée une formidable aventure humaine, tant avec la troupe toute entière qu’avec les personnages, les «figures» de la pièce qui s’esquissaient peu à peu, qui sortaient de l’ombre pour aller vers la lumière du plateau. À la façon d’un entomologiste, je me suis penché sur ces neuf jurés afin de voir comment ça vivait les hommes entre eux, en huis clos, toute une nuit, une très longue nuit, sans possibilité de fuir. Et qu’en est-il de nous autres aujourd’hui ? Nous, tous ensemble, qui vivons à la même heure, dans un grand pays démocratique ? Quel est notre rapport aux autres ? De quoi a-t-on peur ? Qu’est-ce qui est pire ? Se taire ou dire ? Et est-ce que l’on peut tout entendre ? « Chacun tue ce qu’il aime » écrit Wilde dans sa Ballade de la geôle de Reading. Dans 9, il y a des hommes et des femmes, des personnes qui se regardent, comme dans un miroir, en se demandant si elles vont le traverser ou bien le briser. »
Stéphane Guérin
Stéphane Guérin s'inspirant du mythique Douze Hommes en colère, compose un échiquier imparable, où son humour, son sens aigu du dialogue et la finesse de sa psychologie font merveille autant qu'ils nous glacent. Sous la plume d'un auteur de talent, un procès n'est jamais joué d'avance, il est toujours neuf.
Extrait de la préface d'Arthur Dreyfus tiré du livre "Neuf (des préjugés au doute) de Stéphane Guérin
Manex Fuchs évoque le travail de la troupe avec Stéphane Guérin
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