07/01/2017

12 hommes en colère, le film de Sidney Lumet

Devant le succès de la pièce de Reginald Rose, alors qu’il n’avait tourné jusqu’alors que des téléfilms, Sidney Lumet décide d’en faire un long métrage pour le cinéma. Le film est un véritable succès médiatique et remporte l’Ours d’or au Festival International du Film de Berlin en 1957. L’année suivante, le film est nommé aux Oscars dans les catégories Meilleur Film, Meilleur Réalisateur et Meilleur Scénario.

Avec ce film sorti en 1957, le jeune réalisateur Sidney Lumet (1924 – 2011) innovait doublement. Par une prouesse technique d’abord : exemple paroxystique du huis clos, son film confronte un jury de douze hommes dans un espace unique, et presque en temps réel. Mais aussi par son propos, vibrant plaidoyer pour une justice plus égalitaire, toujours d’une effrayante actualité cinquante ans après la sortie du film.

Le film débute alors qu’un procès touche à sa fin. Un jury de douze hommes écoute attentivement le discours las, cent fois répété du juge. Ils vont devoir statuer sur le sort de l’accusé. Les règles leur sont clairement expliqués : chacun va devoir donner son avis, et le jugement devra être unanime pour être validé. Si l’accusé est déclaré coupable par les douze hommes, il ira droit à la chaise électrique. Alors que le jury se retire, la caméra se déplace lentement, montrant le visage de l’accusé de profil, dans l’ombre, puis de face, en gros plan. C’est un jeune garçon basané, peut-être d’origine latino-américaine. La peur se lit dans ses yeux. Ce sera la seule image que le spectateur aura de lui. Le film suit ensuite le jury, qui s’installe dans une petite pièce exigüe. Un premier vote est mis en place. Tous votent coupable, sauf un, le juré numéro huit (Henry Fonda). Il déclare avoir un "doute légitime" sur la culpabilité de l’accusé. Les débats vont commencer... 
Les dialogues du film étant très fidèles à ceux de la pièce, on en a donc inévitablement les images en tête, avec bonheur. Remarquable échafaudage qui amènera le jury de 12 personnes à basculer peu à peu de la condamnation vers l’acquittement d’un garçon de 16 ans accusé d’avoir poignardé son père, à partir de l’unique prise de position initiale du juré n°8.

Au fur et à mesure de l'avancement du tournage, le réalisateur Sidney Lumet utilisa des objectifs de focales croissantes, pour donner l'impression que les décors se rapprochaient de plus en plus des personnages, accroissant ainsi le sentiment d'étouffement.
Sidney Lumet explique son parti pris de mise en scène : "j'ai tourné le premier tiers du film au-dessus du niveau des yeux, le deuxième tiers à hauteur des yeux et le dernier tiers en-dessous du niveau des yeux. Ainsi, vers la fin du film, on commençait à voir le plafond. Les murs se rapprochaient, et le plafond semblait s'abaisser. Cette sensation d'une claustrophobie grandissante m'a permis de maintenir la tension jusqu'à la fin où j'ai utilisé un angle large pour laisser le spectateur respirer."


12 hommes en colère a fait aussi l'objet de nombreuses autres transpositions à l'écran, dont celles réalisées par Artur Ramos en 1973, Tore Breda Thoresen en 1982, Basu Chatterjee en 1986, William Friedkin en 1997 et Nikita Mikhalkov en 2006.


La bande annonce du film de Sidney Lumet

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