07/01/2017

12 hommes en colère, l'adaptation de Stephan Meldegg



12 hommes en colère, la pièce de Reginald Rose a été jouée une multitude de fois, dans de nombreux pays.

En France, on retiendra, entre autres, l'adaptation de Stephan Meldegg dont la pièce fut jouée au Théâtre de Paris du 8 oct 2009 au 5 janv 2010. C'est Michel Leeb qui reprend le rôle du juré n° 8, l' architecte qui s'interroge sur la culpabilité du jeune garçon et finit par semer le doute dans l'esprit des autres.

Comme dans le célèbre long-métragede 1957, Attica Guedj et Stephan ­Meldegg, les metteurs en scène, ont choisi de réunir les douze hommes dans un espace unique, une vaste pièce isolée du tribunal comportant une longue table rectangulaire, des chaises, des toilettes, un vieux lavabo et une fontaine. Et pratiquement en temps réel : deux heures de délibérations, de colères, de tentatives de compréhension, d'échanges souvent vifs pendant qu'un orage éclate à l'extérieur.

D'une modernité universelle, la pièce est à la fois une réflexion sur la vérité et la justice et un plaidoyer contre la peine de mort. Elle révèle les contradictions des uns et des autres, leurs frustrations, leurs rancœurs, mais également leur humanité. Témoin forcément muet, le public se retrouve pris comme dans un étau dans un huis clos étouffant et haletant, bien qu'on en connaisse le dénouement. 

«La pièce, inspirée de l’expérience propre à l’auteur, démontre magistralement que les prises de positions de douze jurés peuvent être faites moins de réflexions sincères et perspicaces que de préjugés personnels, devenant alors un plaidoyer passionné pour une justice impartiale qui exclut la peine de mort. Au cours de cette délibération, un seul homme, le huitième juré - interprété par Michel Leeb - s’élève contre une unanimité de confort, trop rapide, qui serait fatale à l’accusé. A lui, le rôle difficile de soulever les questions, de provoquer la discussion, au risque d’exaspérer ses onze collègues d’un soir. Leur confrontation peut changer le cours de la vie d’un jeune homme, mais aussi la leur, à ces douze individualités si tranchées, si différentes les unes des autres, chacune plongée, jusqu’à ce soir, dans son monde étanche. Non, ces hommes ne seront plus jamais les mêmes, après cette soirée. En se penchant sur le sort d’un de leurs semblables, ils auront affronté leurs propres démons, leurs propres faiblesses. Il m’a paru impératif de retraduire, avec Attica Guedj Douze Hommes en Colère, car le texte français d'André Obey datant des années 50 semblait plus daté et plus littéraire que le langage de la pièce de Rose. En effet, les dialogues de Reginald Rose ressemblent au verbe de l’Américain moyen d'aujourd’hui : direct, brutal, souvent grossier ! Nous avons donc cherché à définir un langage propre à chaque personnage, en fonction de sa classe sociale, son métier, son passé, sa psychologie. Douze Hommes en Colère, fait référence au théâtre populaire dans le meilleur sens du terme. C’est avant tout une pièce qui fait appel à l’intelligence et à la finesse du spectateur, en s’adressant d’abord à son cœur et à ses sens. Les douze personnalités très différentes réunies dans ce huis clos pour rendre leur sentence, campent le parfait reflet du paysage social de notre société actuelle. Pendant ces heures de délibération s’installe une quête de vérité, où s’exerce le sens des responsabilités de chacun. L’intensité du débat soulève de nombreuses questions dont celle de donner la vie ou la mort. C’est à cette réflexion essentielle que s’attache avec émotion et sens critique le juré n°8, interprété par Michel Leeb. La mise en scène choisie a l’ambition de donner une épaisseur humaine à ce débat sur la justice. Les comédiens réunis autour de Michel Leeb puisent en eux une vérité en écho avec l’extrême tension de la situation. Les sentiments des personnages les uns envers les autres : sympathie, méfiance, attention, hostilité, voire haine déclarée, inspirent leurs jeux dépourvus d’artifice ; passion brutale chez certains, humour tapageur chez d’autres. Mais exister au sein du groupe par l’écoute autant que par la parole, est la priorité de tous.»
Stephan Meldegg


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