Devant
le succès de la pièce de Reginald Rose, alors qu’il n’avait
tourné jusqu’alors que des téléfilms, Sidney Lumet décide d’en
faire un long métrage pour le cinéma. Le film est un véritable
succès médiatique et remporte l’Ours d’or au Festival
International du Film de Berlin en 1957. L’année suivante, le film
est nommé aux Oscars dans les catégories Meilleur Film, Meilleur
Réalisateur et Meilleur Scénario.
Avec
ce film sorti en 1957, le jeune réalisateur Sidney Lumet (1924 –
2011) innovait doublement. Par une prouesse technique d’abord :
exemple paroxystique du huis clos, son film confronte un jury de
douze hommes dans un espace unique, et presque en temps réel. Mais
aussi par son propos, vibrant plaidoyer pour une justice plus
égalitaire, toujours d’une effrayante actualité cinquante ans
après la sortie du film.
Le
film débute alors qu’un procès touche à sa fin. Un jury de douze
hommes écoute attentivement le discours las, cent fois répété du
juge. Ils vont devoir statuer sur le sort de l’accusé. Les règles
leur sont clairement expliqués : chacun va devoir donner son
avis, et le jugement devra être unanime pour être validé. Si
l’accusé est déclaré coupable par les douze hommes, il ira droit
à la chaise électrique. Alors que le jury se retire, la caméra se
déplace lentement, montrant le visage de l’accusé de profil, dans
l’ombre, puis de face, en gros plan. C’est un jeune garçon
basané, peut-être d’origine latino-américaine. La peur se lit
dans ses yeux. Ce sera la seule image que le spectateur aura de lui.
Le film suit ensuite le jury, qui s’installe dans une petite pièce
exigüe. Un premier vote est mis en place. Tous votent coupable, sauf
un, le juré numéro huit (Henry Fonda). Il déclare avoir un "doute
légitime" sur la culpabilité de l’accusé. Les débats vont
commencer...
Les
dialogues du film étant très fidèles à ceux de la pièce, on en a
donc inévitablement les images en tête, avec bonheur. Remarquable
échafaudage qui amènera le jury de 12 personnes à basculer peu à
peu de la condamnation vers l’acquittement d’un garçon de 16 ans
accusé d’avoir poignardé son père, à partir de l’unique prise
de position initiale du juré n°8.
Au
fur et à mesure de l'avancement du tournage, le réalisateur Sidney
Lumet utilisa
des objectifs de focales croissantes, pour donner l'impression que
les décors se rapprochaient de plus en plus des personnages,
accroissant ainsi le sentiment d'étouffement.
Sidney
Lumet explique
son parti pris de mise en scène : "j'ai
tourné le premier tiers du film au-dessus du niveau des yeux, le
deuxième tiers à hauteur des yeux et le dernier tiers en-dessous du
niveau des yeux. Ainsi, vers la fin du film, on commençait à voir
le plafond. Les murs se rapprochaient, et le plafond semblait
s'abaisser. Cette sensation d'une claustrophobie grandissante m'a
permis de maintenir la tension jusqu'à la fin où j'ai utilisé un
angle large pour laisser le spectateur respirer."
12
hommes en colère
a fait aussi l'objet de nombreuses autres transpositions à l'écran,
dont celles réalisées par Artur
Ramos en
1973, Tore
Breda Thoresen en
1982, Basu
Chatterjee en 1986, William Friedkin en
1997 et Nikita
Mikhalkov en
2006.
La bande annonce du film de Sidney Lumet
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