Rémi De Vos (auteur de Occident)
Occident est une pièce noire. Elle met en scène un couple
monstrueux et comique. Il et elle ne tiennent plus que par un jeu (de mots),
une danse (de mort), un rituel (intime) qui les font se tenir encore l’un en
face de l’autre. L’extrémisme dont il est question est une donnée du jeu. C’est
aussi une réalité sociale facilement vérifiable. Dans mon travail d’écriture,
il est question toujours de la lutte de la conscience sociale contre les
pulsions asociales et inversement. Occident est une pièce désespérée, atroce
dans sa noirceur sans retour. Le rire est une solution possible.
Dag Jeanneret (metteur en scène et co-directeur de la compagnie In situ)
Créée en 2006 cette pièce de Rémi De Vos - dont le titre
peut évoquer un groupuscule d’extrême droite des années soixante – intègre une
part des maux portés par la société contemporaine occidentale, le racisme, la
violence, l’exclusion, la peur de l’autre et les fractures sociales. Elle le
fait sous les habits d’une comédie terriblement grinçante, dont la violence et
la trivialité du langage provoque des rires libérateurs sans en occulter la
noirceur.
Dans cette dissection au scalpel des rapports d’un couple et
de ce couple au monde, dans un incessant va-et-vient horriblement drôle, il y a
comme un concentré de toutes les petites misères humaines, de toutes les
avanies quotidiennes, de tous les renoncements mais aussi –et paradoxalement-
de tous les espoirs enfouis.
Occident, c’est une bataille à la vie à la mort entre
deux êtres perdus, qui se sont comme retranchés du monde policé, dans l’absolue
nécessité et la pure vanité de triompher de l’autre, de ne jamais rien céder à l’autre. Sinon, ils
s’écroulent ou s’en vont.
Occident, c’est un échange âpre, trivial, dérangeant
parfois dans sa violence.
Occident, c’est un art du dialogue consommé, une
mécanique de précision presque vaudevillesque où le rire advient brutalement,
sauvagement. Puis se glace dans la gorge puis revient encore, toujours plus
effrayant.
Occident, c’est aussi la peinture de la descente aux
enfers d’un homme qui peu à peu glisse vers l’extrémisme, doucement, sciemment,
sans jamais s’en émouvoir. Une petite suée dans le dos de nos bonnes
consciences.
Mais Occident, c’est aussi, et terriblement, une pièce d’amour !
Jean-Marc Stricker (journaliste culturel)
Les personnages de Rémi De Vos parlent la langue de tous les
jours avec les mots de tout le monde. En l’occurrence, les mots d’un couple
très moyen quant au vocabulaire, très pauvre quant à l’esprit, très riche quant
à la haine. On est vraiment en plein « occident » désenchanté, trivial et
réactionnaire.
Lui, rentre tous les soirs, plus ou moins bourré, de bistrots rendez-vous de fachos racistes.
Elle l’attend, tous les soirs, blonde et pomponnée.
Ils s’aimèrent jadis. Ils s’aiment toujours d’ailleurs. Mais ils sont devenus incapables de vivre cet amour autrement que dans l’impuissance, la jalousie, l’injure et l’insulte.
S’autodétruire en duel : le couple ne sait plus faire que cela.
A travers les mots de tous les soirs, derrière un humour d’autant plus noir qu’il est récurrent, Rémi De Vos cache des abîmes de détresse, de dérision et d’interrogations.
Lui, rentre tous les soirs, plus ou moins bourré, de bistrots rendez-vous de fachos racistes.
Elle l’attend, tous les soirs, blonde et pomponnée.
Ils s’aimèrent jadis. Ils s’aiment toujours d’ailleurs. Mais ils sont devenus incapables de vivre cet amour autrement que dans l’impuissance, la jalousie, l’injure et l’insulte.
S’autodétruire en duel : le couple ne sait plus faire que cela.
A travers les mots de tous les soirs, derrière un humour d’autant plus noir qu’il est récurrent, Rémi De Vos cache des abîmes de détresse, de dérision et d’interrogations.
Marie-Christine Harant (journaliste culturelle)
Il faut bien commencer par là : la langue de Rémi De
Vos, qui peut effaroucher les plus chastes oreilles. L’auteur enfile les mots
grossiers comme Racine les alexandrins, dans les dialogues au vitriol de cette
comédie intimiste noire. Rassurez-vous, cette langue porte un propos qui vole
nettement au-dessus de la ceinture : la dissection au scalpel d’un couple
en décomposition qui ne tient que par le jeu. Celui des mots, de la vie, en une
sorte de rituel. Sept tableaux et un bref épilogue pour dire le malaise de ce
couple n’appartenant pas à une classe sociale bien définie, des gens
d’aujourd’hui en tout cas.
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