Festival de Cannes 2001 – Sélection officielle
Sortie en salles : 16.05.2001Acteurs : Stefano Cassetti (Kurt), Isild Le Besco (Léa), Patrick Dell’Isola (Thomas), Vincent Deneriaz (Denis), Aymeric Chauffert (Delaunay), Viviana Aliberti (L’institutrice suisse)
Mise en scène : Cédric Kahn
Scénariste : Cédric Kahn d’après le livre de Pascale Froment “Je te tue. Histoire vraie de Roberto Succo assassin sans raison”
Durée : 2h10
Synopsis : Ils dansent. Elle, c’est Léa, une lycéenne. Lui, il s’appelle Kurt. Il a un drôle d’accent et plusieurs voitures. Ils viennent de se rencontrer sur la Côte, à la fin des vacances. Et quand Léa rentre chez elle en Savoie, Kurt vient la voir régulièrement… Sur l’itinéraire Côte d’Azur/Savoie ont lieu des cambriolages en série, des agressions, des rapts de femmes, des meurtres incompréhensibles. Les gendarmes enquêtent, recoupent méthodiquement les faits qui les mènent sur la piste d’un dangereux criminel italien en cavale…
Voici ce que disait Cédric Kahn lors de la sortie de son film en 2001 :
"Quand j'ai découvert le livre de Pascale Froment "Je te tue, histoire vraie de Roberto Succo", je l'ai dévoré comme un roman d'Ellroy. J'étais captivé par le fait divers, j'avais envie d'essayer de comprendre. J'ai pensé immédiatement qu'il y avait là matière à faire un film à cause de tout ce que drainait le fait divers, la somme de travail que représente le livre de Pascale Froment, l'aspect millimétrique, la description de la violence uniquement par des faits. Elle a rencontré les familles des victimes, les gendarmes, les juges. Au fur et à mesure, son enquête fait boule-de-neige, implique de plus en plus de personnes. Le drame initial de Succo engendre toute une chaîne de malheurs. Le livre n'invente rien, ne fabrique aucune fiction. Pour moi, c'était comme un matériau brut.
Je l’ai travaillé de manière très méthodique. Le livre est construit dans l'ordre de l'enquête. Au vu de la complexité des faits, on a tout de suite ressenti le besoin de faire une continuité chronologique de tous les évènements. On s'est retrouvé devant une matière trop foisonnante, de quoi faire six heures de film. On a procédé par élagages successifs, supprimé tout ce qui paraissait répétitif, faible ou trop complaisant. Pendant plusieurs versions, le scénario comportait deux scènes d'agression supplémentaires particulièrement violentes et gratuites. Dans un premier temps, par souci de ne pas édulcorer, je voulais les garder, mais comme elles n'apportaient aucun éclairage nouveau sur le personnage, j'ai finalement décidé de les enlever."
Le film de Cédric Kahn est l'adaptation du livre de Pascale Froment et est fidèle à son esprit : il a filmé la vie du tueur en série avec la rigueur d'une reconstitution judiciaire sans états d'âme ni émotion imposée.
"La psychologie n'est pas le lieu du cinéma, note le réalisateur. Un film doit donner à voir plus qu'expliquer. En tant que spectateur, je n'ai pas envie qu'on m'explique ce que je dois penser des personnages. Intellectuellement, ma place est du côté des victimes, répond-il. Mais les films échappent à la pensée. Celui-ci ne raconte pas la vie d'une victime et j'en assume toutes les ambiguïtés. Non, je n'aime pas Succo. Mais je ne le déteste pas non plus. J'ai fait tout le film contre cette dialectique-là : monstre ou héros romantique. Ni l'un ni l'autre ne m'intéressent et je ne crois ni en l'un ni en l'autre. Je ne voulais pas héroïser Succo. Par conviction, bien sûr, mais également par respect pour les victimes. Je voulais éviter deux écueils : faire de Succo une victime de la société ou, à l'inverse, un monstre sanguinaire ; ce qui était pour moi deux manières d'en faire un héros. Je voulais rester dans une vision objective des choses, m'en tenir aux faits et faire le constat de la folie. Mais la fiction n'est pas objective. Dans un film, on peut faire aimer la pire des crapules. Il fallait donc être très vigilant.
Je crois que le film se situe entre la biographie, le film d'amour, le polar et le documentaire. J'ai voulu résister à la tentation de faire du spectaculaire. Je ne voulais pas perdre la notion de la réalité. J'ai fait quelques jours d'enquête chez des gendarmes pour bien comprendre leur travail. J'avais la volonté de coller le plus possible aux témoignages, de travailler les dialogues sur la base des procès-verbaux. Dans l'ensemble, je me suis autorisé très peu d'extrapolation."
Présenté à Cannes en 2001, Roberto Succo enthousiasma la critique.
Le Parisien du 15/05/2001 :
"(...) C'était hier au tour de Cédric Kahn d'entrer dans l'arène. Le réalisateur de « l'Ennui » y présentait son quatrième long-métrage, « Roberto Succo », tiré d'événements réels qui se sont déroulés en 1986. Aux côtés d'Isild Le Besco et Patrick Dell'Isola, un inconnu, Stefano Cassetti incarne ce parricide échappé d'un asile, meurtrier de policiers, qui a semé pendant un mois la violence et la mort sur la côte, en Savoie puis en Suisse. Avant d'être adaptée à l'écran, cette histoire avait donné lieu à un livre, « Je te tue », de Pascale Froment (Ed. Gallimard) et surtout à une pièce mise en scène par Bernard Marie Koltès, « Roberto Zucco », créée en janvier 1992 et qui a défrayé la chronique. Les familles des victimes craignaient en effet qu'un tel spectacle tourne à l'hommage. (...) Cédric Kahn, dont le film ne transforme pas Succo en héros, a reçu le soutien de la veuve d'une des victimes. Après avoir vu le film, elle a fait savoir aux gendarmes et aux policiers qu'il ne s'agissait en aucun cas d'une apologie du meurtrier. Film d'action classique constamment placé sous tension, « Roberto Succo » a tous les atouts pour être un succès. Il est porté d'un bout à l'autre par un formidable Italien de 26 ans, Stefano Cassetti, devenu acteur sans le vouloir vraiment. En vacances pour quatre jours en France, il se trouvait dans un restaurant parisien quand un ami de la directrice de casting du film racontait comment Cédric Kahn cherchait un Italien parlant mal le français. (...) Cassetti est plus que convaincant, il est ardent. C'est une pure « gueule » d'acteur. Avec Cédric Kahn, la sélection française marque donc un deuxième point. Et même si « la Répétition » et « Roberto Succo » n'ont pas forcément l'ampleur d'une Palme d'or, ils ont chacun à leur façon de quoi plaire. Ce que le grand public va vite confirmer pour « Roberto Succo » puisque le film sort dès demain sur les écrans." Avertissement
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