07/02/2015

Happy end :Naissance d’une pièce

Note d’intention de l’auteur


Il est rarement donné aux troupes de théâtre amateur de créer une pièce inédite. Puiser dans le répertoire, classique ou contemporain, aussi riche soit-il, est une chose. Partir de rien pour monter un spectacle totalement original est un autre défi.
  C’est celui que les Saucissons de Nuit veulent relever pour leur saison 2014-2015, renforcés dans leur ambition, qui pourrait sembler téméraire, par leur metteur en scène Hélène ARNAUD qui les accompagne depuis plusieurs années et témoigne du talent collectif et individuel de ces passionnés des tréteaux.
  Je suis heureux de m’engager dans l’aventure. En tant qu’auteur dramatique, j’ai pris depuis longtemps le parti de n’écrire pour le théâtre que dans le cadre concret d’un projet artistique et de son aboutissement logique : un spectacle vivant. Un texte théâtral n’a d’existence réelle que joué, c’est-à-dire quand il échappe à l’auteur, qu’il se détache de son lieu de gestation, pour que d’autres regards, d’autres consciences, d’autres corps se l’approprient et restituent, cette fois pour le public, les émotions, les fantasmes, les révélations que ce texte a suscités en eux. Sauf accident, cette existence est garantie, puisqu’elle est la raison même du projet. Grand avantage d’écrire pour une troupe donnée.
  En retour, au lieu de s’adapter à un texte (ou de devoir l’adapter), la troupe reçoit un texte qui prend en compte ses contraintes – de distribution, de temps, d’orientation dramatique… Auteur, metteur en scène, comédiennes et comédiens et autres contributeurs du spectacle, forment un ensemble qui, tout en avançant et chacun dans son rôle,  permet d’ajuster, d’affiner, de parvenir à plus d’exigence.
  Ainsi est en train de naître Happy end. Puisque nous sommes entre fous de théâtre, la pièce parlera théâtre. L’argument est simple. Martin Martin doit écrire dans l’urgence une comédie dont il n’a que le titre : Happy end. Il puise dans son entourage les personnages d’une histoire qu’il croit fabriquer mais qui est sans doute la sienne. Au fur et à mesure qu’ils sont inventés, les personnages, d’abord dociles, s’animent d’une vie propre. Leur autonomie se développe et ils n’ont de cesse de torpiller les intentions de l’auteur, donc d’échapper à leur destin.
  La construction de Happy end est faite sur ce que j’appellerai la connivence narrative – qui ne repose pas seulement sur la présence d’un chœur. Exploration non exhaustive des arcanes de la création dramatique, et, sans paradoxe, spectacle où la drôlerie domine pour mieux faire jaillir le tragique, où la loufoquerie est un signe d’intelligence. Telle est en tout cas l’ambition.
  Bien entendu, toutes ressemblances avec un auteur existant ou ayant existé seraient purement fortuites.


Pascal ARNAUD  (7 septembre 2014)


Aucun commentaire: