Il est rarement donné aux troupes de théâtre amateur de
créer une pièce inédite. Puiser dans le répertoire, classique ou contemporain,
aussi riche soit-il, est une chose. Partir de rien pour monter un spectacle
totalement original est un autre défi.
C’est celui que les
Saucissons de Nuit veulent relever pour leur saison 2014-2015, renforcés dans
leur ambition, qui pourrait sembler téméraire, par leur metteur en scène Hélène
ARNAUD qui les accompagne depuis plusieurs années et témoigne du talent
collectif et individuel de ces passionnés des tréteaux.
Je suis heureux de
m’engager dans l’aventure. En tant qu’auteur dramatique, j’ai pris depuis
longtemps le parti de n’écrire pour le théâtre que dans le cadre concret d’un
projet artistique et de son aboutissement logique : un spectacle vivant.
Un texte théâtral n’a d’existence réelle que joué, c’est-à-dire quand il
échappe à l’auteur, qu’il se détache de son lieu de gestation, pour que d’autres
regards, d’autres consciences, d’autres corps se l’approprient et restituent,
cette fois pour le public, les émotions, les fantasmes, les révélations que ce
texte a suscités en eux. Sauf accident, cette existence est garantie,
puisqu’elle est la raison même du projet. Grand avantage d’écrire pour une troupe donnée.
En retour, au lieu
de s’adapter à un texte (ou de devoir l’adapter), la troupe reçoit un texte qui
prend en compte ses contraintes – de distribution, de temps, d’orientation
dramatique… Auteur, metteur en scène, comédiennes et comédiens et autres
contributeurs du spectacle, forment un ensemble qui, tout en avançant et chacun
dans son rôle, permet d’ajuster,
d’affiner, de parvenir à plus d’exigence.
Ainsi est en train
de naître Happy end. Puisque nous
sommes entre fous de théâtre, la pièce parlera théâtre. L’argument est simple.
Martin Martin doit écrire dans l’urgence une comédie dont il n’a que le
titre : Happy end. Il puise dans
son entourage les personnages d’une histoire qu’il croit fabriquer mais qui est
sans doute la sienne. Au fur et à mesure qu’ils sont inventés, les personnages,
d’abord dociles, s’animent d’une vie propre. Leur autonomie se développe et ils
n’ont de cesse de torpiller les intentions de l’auteur, donc d’échapper à leur destin.
La construction de Happy end est faite sur ce que
j’appellerai la connivence narrative
– qui ne repose pas seulement sur la présence d’un chœur. Exploration non
exhaustive des arcanes de la création dramatique, et, sans paradoxe, spectacle
où la drôlerie domine pour mieux faire jaillir le tragique, où la loufoquerie
est un signe d’intelligence. Telle est en tout cas l’ambition.
Bien entendu,
toutes ressemblances avec un auteur existant ou ayant existé seraient purement
fortuites.
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